L’iris

Iris pallida, Iris alba, Iridacées

Le mythe
Iris, messagère des dieux déployait son écharpe multicolore, créant ainsi un pont fait d’un arc en ciel, reliant la terre et l’au-delà, guidant les âmes des femmes à leurs dernières demeures.

L’histoire
Iris signifie arc-en-ciel en grec.
Les Egyptiens sont les premiers à se servir des rhizomes, la tige souterraine des plantes vivaces, pour en tirer une fumée odorante. Ils sont à l’origine des premiers pots-pourris. Le philosophe Théophraste, 300 ans av. J.C., connaissait déjà la recette pour extraire le parfum secret des rhizomes.
L’iris est le modèle initiale de la fleur de lys. Clovis en avait fait son emblème quand, avec ses chevaux et son armée, il avait pu franchir un gué sur lequel cette plante poussait à foison et lui fit gagner la bataille. Plus tard, pour se rapprocher de l’Église, le lys blanc, emblème de chasteté, remplaça l’iris.

Un peu de botanique
Plante d’ornement, il en existe plus de 200 variétés horticoles. L’iris est un genre de plantes vivaces à rhizomes ou à bulle, de la famille des Iridacées. Ses fleurs sophistiquées sont composées de six pièces dont trois véritables pétales. Elles peuvent atteindre une hauteur de 70cmdans certaines variétés comme l’iris Pallida, ou l’Alba et n’atteindre que 20cm.chez l’iris nain. Ses rhizomes de formes inégales, enflés, noueux sont recouverts d’une fine écorce brune, ils tiennent la fleur au sol, et ont eux-mêmes des racines.

L’iris du parfumeur
Tous les iris ne possèdent pas les mêmes qualités olfactives. Ce sont l’iris pallida d’un mauve pâle et le Florentina, l’Alba, qui sont utilisés pour leurs rhizomes parfumés. Ceux-ci détiennent l’irone (principe chimique auquel l’iris doit son odeur) recherché par les parfumeurs., une fragrance proche de celle de la violette. Ces irones sont les molécules aromatiques spécifiques à l’iris.
Dès la plus haute Antiquité, le secret d’extraction pour obtenir le parfum de l’iris était déjà connu. Une première étape consiste à arracher des rhizomes de l’iris pallida restés en terre plus de 3 ans uniquement. Une fois ceux-ci pelés soigneusement (non décortiqué on obtient une huile essentielle plus foncée qu’on appellera l’iris noire mais le rhizome pelé donne des extraits de meilleur qualité), ils sont ensuite découpés en lamelles puis mis à sécher au soleil pendant deux semaines. Ils sont ensuite entreposés dans des sacs pendant trois ans afin de permettre à la molécule « l’irone » de se révéler au maximum. Les rhizomes acquièrent après cette longue dessiccation un parfum de violette. Ils sont alors broyés et réduits en poudre.

Son mode d’extraction
Une fois la concentration en irone obtenue, les rhizomes sont broyés puis turbodistillés.(lien) C’est alors qu’on extrait le beurre d’iris, qui n’est en fait que l’huile essentielle qui s’est solidifiée et que l’on appelle beurre uniquement pour l’iris. Ce beurre d’iris contient 15% d’irone. Il est alors soumis à une nouvelle distillation fractionnée (lien) qui permet d’augmenter la concentration en irone du produit final (jusqu’à 60%) et que l’on appelle l’absolu.

En parfumerie
Trois tonnes de rhizomes frais vont donner une tonne de rhizomes secs, 500 kg de rhizome sec donnent 1 kg de beurre d’iris et 4 kg de beurre d’iris donnent 1kg d’absolu. Ce long procédé de culture, de maturation, et la multiplicité des opérations d’extractions font de l’absolue d’iris une des matières les plus chère de la palette du parfumeur. Même si ce sont les rhizomes dont est tirée l’absolue, elle est définitivement une note de cœur. Sa fragrance est décrite à mi-chemin entre la fleur et le bois. L’iris est une des matières les plus nobles de la parfumerie.

D’après les recherches de Tachka Sofer
Bibliographie
La mythologie des plantes A.Gubernatis éd. Société d’horticultureL’ethnobotanique méditerranéenne, de P.Lieutaghi, éd. Acte sudHistoire naturelle et culturelle des plantes à parfum de Fr. Aubaille-Sallenave, éd. Ibis pressLes huiles essentielle de G.Roullier, éd. DanglesLes parfums d’E. de Feydaux, éd. R.Laffont