A l’origine

L'histoire de la parfumerie croise l'histoire de l'humanité.
Le mot parfum vient du latin per fumum à travers la fumée. Dès l'âge du bronze, des plantes aromatiques, des bois odorants vont être brûlés pour communiquer avec les divinités, pour les honorer, les nourrir et porter les prières, spécialement lors des rituels funéraires. Brûler des plantes aromatiques, des bois de senteurs, des fleurs a été un des premiers usages que l'homme a fait des plantes odoriférantes. Cette fumée va donner de la verticalité à l'homme, d'avoir une conscience en enterrant ses morts. Cette pratique sacrée nous la trouvons tout autour du globe de la Chine au Mexique en passant par l'Inde, la Perse, du Japon à l'Amazonie, en Océanie.

Ici en Europe, nous sommes les héritiers d'un savoir-faire qui nous vient d'Egypte. Si l'Egypte a été le berceau de la parfumerie, c'est d'abord parce que sa religion et ses pratiques rituelles lui font une place considérable. La reine Hatshepsoute, 1.500ans av. J.C., va organiser des expéditions navales pour ramener du Pays de Pount appelé «L'Arabie heureuse», des arbres aux bois odoriférants comme l'encens, la myrrhe, ou le pistachier térébinthe pour les acclimater en Egypte. Hatshepsout fit planter tous ses végétaux dans les jardins des rives du Nil.
Quotidiennement, les Egyptiens brulaient le Kyphi, une huile parfumée pour honorer les dieux. Ce premier parfum considéré sacré et composé essentiellement de notes de fond, sera la base de la pyramide olfactive qui est en train de se créer.

Cet usage des plantes odoriférantes de la civilisation égyptienne va perdurer jusqu'à nos jours... La civilisation grecque quant à elle, va apporter, grâce aux conquêtes d'Alexandre le Grand et des nouvelles routes qui s'ouvrent vers l'Inde (365 avant JC), de nouveaux aromates comme le poivre, le clou de girofle ou la muscade. Ce sont eux qui vont enrichir les végétaux odorants avec les notes animales comme l'ambre gris, la civette et le castoréum, et qui vont l’ajouter à cette pyramide olfactive. On reste toujours dans les notes de fond, qui ont un sillage de longue durée et qui masque très bien tous les miasmes du quotidien. Cette base de senteurs de fragrances lourdes, considérée comme la note de fond, va perdurer dans ce qui va devenir la parfumerie moderne.

1er siècle après JC.
Les Romains vont apporter une note florale à la construction du parfum. La fameuse note de cœur de la pyramide olfactive …

La frénésie des parfums saisit la Rome impériale lors des fêtes. Une débauche d'odeurs, de pétales de roses tombent du plafond, se répandant sur les invités. Les convives portent guirlandes et couronnes, d'une variété infinie : roses tressées feuillages piqués de lys, de narcisses ou de giroflées, couronnes à la mode égyptienne faites de feuilles d'acanthe, de grenades ou d'immortelles ou de tissu de soie multicolore inondé de parfum. Les parfums deviennent alors un marqueur social, et coûte très cher.

Tout se parfume à Rome, aussi bien les murs des maisons que les vêtements, les chaussures, les hommes et les femmes jusqu'aux chevaux et animaux de compagnie. Les fêtes, le moindre évènement, les funérailles sont sujets à théâtralisation, à un débordement d'odeurs.

Mais la fonction thérapeutique des parfums continue d'être assurée. Au premier siècle de notre ère, Dioscoride, médecin grec de l'époque de Néron, étudie dans son traité « La Matière médicale » plus de six cents plantes et leurs usages, et donne des recettes d'huiles et d'onguents.

Le Moyen-Age : 465 – 1453
Le poids croissant des chrétiens dans l'Empire joue un rôle décisif dans la surconsommation des produits de parfumerie. A la chute de l'Empire romain, l'art du parfum s'efface en Occident et se réfugie dans l'Empire byzantin. C'est à Byzance (Constantinople, Istanbul) que l'Occident va se fournir en matières odorantes. Les Arabes, maîtres de la Route des Epices, vont prendre le monopole de ce commerce. Le grand bazar de Byzance va devenir la plaque tournante des substances à parfum. C'est là qu'on va trouver la première galerie aux parfumeurs, un quartier où le commerce est destiné uniquement à la parfumerie.

L'usage du parfum était déjà un clivage social, qui va s'accentuer à travers les siècles. Un parfum chargé d'extraits d'épices, de matières animales grossièrement obtenues, sophistiqué pour les nobles, simples macération ou décoction d'herbes aromatiques, de fleurs des champs, pour les plus pauvres. Tout le monde en apprécie l'usage.

Au XIIème siècle, les procédés de distillation se généralisent avec la diffusion de l'alambic et de l'alchimie et grâce à la traduction des traités arabes traduits par les médecins de l'Ecole de Salernes, une université située non loin de Rome.

A partir du Moyen-Age, les jardins des cloîtres et les jardins des princes font une place très importante aux plantes médicinales. La vertu des médicaments réside dans leur odeur. Il n'y a pas de distinction nette entre la parfumerie et la pharmacie. L'odeur pénètre en nous, établissant un contact direct et très intime. A cette époque, la mauvaise odeur engendre la maladie, la bonne odeur la combat.

Au XIIème siècle, un nouveau savoir-faire va se développer à Grasse, celui de maîtres-gantiers. Le métier de tanneur est alors étroitement lié à celui de parfumeurs, ces artisans vont devenir les premiers "gantiers-parfumeurs". Gants, souliers, ceintures, sacs, vêtements, coffrets tout est recouvert de cuirs parfumés. Jusqu'au XVIIIème siècle la préparation des peaux se fera avec les plantes aromatiques locales comme le myrte et le pistachier lentisque, la lavande et l'orange amère. A ne pas oublier que les senteurs sont plus présentes là pour camoufler les "mauvaises odeurs", les miasmes, que pour la séduction.

Au XIVème siècle, Albert le Grand est capable après de multiples essais, de donner la recette de la distillation à l'alcool. Il va l'appeler «l'eau ardente». Elle constitue un apport capital pour la parfumerie en permettant de substituer à l'huile l'excipient traditionnel depuis plus de deux mille ans,

un nouveau produit volatil et neutre capable de transporter les senteurs. C'est en 1370 qu'apparaît la première formule de parfum alcoolique connue en Europe. La recette en est une distillation à l'alcool de différentes plantes aromatiques avec en majorité du romarin puis des feuilles de mélisse, de camomille, de sauge, de fleurs de lavande et de quelques épices, clous de girofle et grains de poivre. Cette eau connaît une popularité immédiate auprès des femmes et ce durant plusieurs siècles.

Une italienne à la cour
En 1533, quand Catherine de Médicis arrive à la cour de France, depuis Florence, pour épouser Henri II, elle amène avec elle son parfumeur René le Florentin. C'est à ce moment sous l'influence de l'italienne, que le mot «parfum» arrive dans la langue française. Il vient d'un parler provençal et apparaît qu'au XVIème siècle. Ils apportent avec eux la mode des orangers et le parfum de la fleur d'oranger. Une nouvelle donne pour la parfumerie. Catherine de Médicis porte des bijoux parfumés tels que «la pomme d'ambre», accrochée à sa ceinture, de la forme d'une pomme, ciselé en argent pouvant contenir des corps gras parfumés, «un pomander» petit objet sur pied que l'on pose duquel émane des effluves odorantes. René le Florentin va ouvrir la première boutique à Paris où l'on vend toutes sortes de produits: eaux aromatisées, poudre à la violette, savonnette de Bologne au citron, vinaigre de toilette à la lavande, pastilles de bouche au gingembre, huile pour le corps à la rose ou au jasmin. La boutique ne désemplit pas. La note de tête, composée essentiellement de citrus, va chapeauter la pyramide des parfumeurs et aboutir à la composition des parfums tels que nous les connaissons encore aujourd'hui.

Elle va compléter la note de cœur celles composée de fleurs, et la note de fond composée elle de fragrances orientales comme l'ambre, le musc ou le santal, le vétyver ou le patchouli. Les citrus, fruits luxueux car rares, arrivent plus tardivement sur le marché européen.

L'eau de Cologne
A la fin du XVIIème siècle, l'oranger amer, le bigaradier, entre dans une eau parfumée, appelée «Aqua admirabilis» produite au couvent Santa Maria Novella de Florence. Elle est composée d'essence d'oranger amer, de cédrat, de bergamote et de citron, de romarin, de mélisse, de lavande et de fleur de néroli. Un dénommé Feminis, marchand ambulant- droguiste colporteur, va acheter cette eau au couvent. Il arrive à Cologne où réside une partie de sa famille. N'ayant pas d'héritiers, Feminis transmettra cette recette à son petit-neveu, Gian Maria Farina qui possède déjà une petite distillerie. Ce dernier va refaire cette recette et lui donner le nom Aqua admirabilis Colonae. Ce n'est qu'au siècle suivant que l'eau de Cologne va connaître une diffusion véritablement européenne.

Durant la guerre de Sept ans qui de 1756 à 1763 oppose tous les grands pays d'Europe, les troupes françaises occupent Cologne et trouvent chez J.M.Farina cette eau parfumée dont ils s'aspergent pour soigner leurs blessures et lutter contre les maladies. Ils ramènent cette eau en France et elle obtiendra immédiatement un grand succès.

La cour parfumée
On surnomme la Cours de Versailles, la Cour Parfumée dû à une consommation abondante de parfums. La cour use et abuse de produits parfumés. Les perruques sont poudrés avec de nombreux ingrédients finement broyés principalement le rhizone d'iris de Florence, la rose, la coriandre, la racine du souchet des clous de girofle. Les fleurs les plus employées sont le jasmin, la rose, la jacinthe, et la fleur d'oranger. Viennent ensuite les poudres à l'ambrette (la fleur), à la frangipane, à l'iris... Ces notes florales sont parfois renforcées de musc ou de civette et d'essence d'ambre...

Les Eaux parfumées thérapeutiques sont très à la mode dans les cours au XVIIIème siècle.

La forte demande en parfum de la cour a conduit la France à développer sa propre production. C’est grâce au climat favorable du sud que les matières premières ont été plantées dans la région de Grasse. Depuis ce jour, cet endroit est considéré comme la capitale de la parfumerie.

Après la révolution de nombreuses parfumeries vont s'ouvrir à Paris et la Rue du Faubourg Saint Honoré devient le nouveau quartier du luxe.

J.F.Houbigant s'y installe et y débite son huile parfumée au géranium et sa célèbre crème de rose aux limaçons. P.F.Lubin ouvre sa parfumerie « aux armes de France » dans le même quartier. En mars 1791 un décret dissout la corporation des gantiers parfumeurs. Les parfumeurs se sentent plus libres et vont exiger une meilleure qualité de produits.

Après la révolution de nombreuses parfumeries vont s'ouvrir à Paris et la Rue du Faubourg Saint Honoré devient le nouveau quartier du luxe. J.F.Houbigant s'y installe et y débite son huile parfumée au géranium et sa célèbre crème de rose aux limaçons. P.F.Lubin ouvre sa parfumerie « aux armes de France » dans le même quartier. En mars 1791 un décret dissout la corporation des gantiers parfumeurs. Les parfumeurs se sentent plus libres et vont exiger une meilleure qualité de produits.

Début de XIXè siècle, Napoléon, désireux de protéger les consommateurs de drogues nuisibles, va décréter la séparation de la parfumerie et de la pharmacie en 1810. Les parfumeurs doivent alors cesser de vanter les vertus médicinales de leurs compositions. Les ingrédients et leurs dosages doivent être inscrit sur les flacons afin d’éviter la circulation de fausses Eaux de Cologne.

C’est à la fin du XIXè siècle que naît la parfumerie moderne avec les premières molécules de synthétiques. La parfumerie devient le mode d’expression artistique de la chimie et la dernière attache qui reliait le parfum à la nature va être rompu avec la synthèse des molécules odorantes.
La palette du parfumeur s’élargit alors jusqu’à l’infini. Il mélange des molécules naturelles à de nouvelles fragrances de synthèse. Comme le musicien, le parfumeur cherchera des accords et composera à partir de notes de têtes, de cœur et de fond, ce qui constituera la partition de sa création.

On peut dire que François Coty est le père de la parfumerie moderne, en France. Il ouvre sa boutique en 1901, il veut à tout prix adhérer à la modernité. Il séjourne à Grasse pour s'initier aux matières naturelles et aux produits de synthèse.

Il créée le fameux parfum «Chypre» en 1917 qui va donner le nom à une grande famille olfactive dont le sillage rappelle les sous-bois humides. Il est le premier à créer une osmose entre le parfum, son flacon, son nom et l'image qu'il véhicule. Son œuvre va vers la démocratisation du parfum par la reproduction d'un même parfum à un grand nombre d'exemplaire, par l'usage important de la publicité et par une communication proche de la consommatrice.

Le parfum à l’aube du XXème siècle, une association nature - synthèse
En ce début du XXème siècle, les chimistes s'essayent à pénétrer au plus profond du parfum naturel. Les parfumeurs quant à eux vont avoir une constante : créer un produit dont l'odeur caractérise le parfum. Les parfumeurs apprécient les notes de synthèse pour leur stabilité, leur puissance olfactive, l'étendue de leur palette mais aussi pour car elles permettent une plus grande production. Coty le père de la parfumerie moderne souhaite pour les femmes des senteurs naturelles de haute qualité. La synthèse présente pour lui la stabilité de la qualité. Les parfums se doivent de constituer « une émanation de l'âme de la femme » Pour cela il associe des matières premières naturelles qualifiées de nobles et les associe à des produits de synthèse qu'il utilise massivement pour obtenir un dosage subtil une clarté, un équilibre moderne.

L'ère du clonage, la mondialisation
A la fin des années 1990, apparaît le clonage, la reproduction d'une unité, d'une senteur reproduite à l'infini, qui a le vent en poupe pour répondre à la globalisation. Les nouvelles technologies des modes d'extraction vont essayer d'être au plus près de la fleur et d'autres sources odorantes. Ils vont reproduire par son analyse l'odeur d'une seule fleur piégée sur son lieu de culture, à l'aide de molécules de synthèse à l'infini c'est à dire à une reproduction commerciale mondialisée.

On s'éloigne définitivement des fleurs cueillies dans un champ avec chacune leur fragrance qui composent la richesse de la parfumerie authentique.

D'après les recherches de Tachka Sofer

Bibliographie :

  • Les Parfums d'E. De Feydeau, éd. R. Lffont
  • Le parfum d'A. Le Guérer, éd. O.Jacob
  • Quand le parfum portait remède d'A.Le Guérer, éd. Garde Temps
  • Odeurs et parfums en Occident de B. Munier éd. Du Félin
  • Une histoire mondiale du parfum de M.C.Grasse, éd. Somogy
  • Le Grand livre du parfum, ouvrage d'un collectif, éd. Nez cultur
  • Parfum Noir délit

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  • Parfum Rose Métamorphose

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