La famille des boisés regroupe des parfums dont l’accord principal est constitué de notes de bois chauds et opulents comme le santal ou comme des bois secs comme le cèdre. Ce sont des notes de fond, elles donnent du sillage dans la composition d’un parfum. Ces accords sont souvent accompagnés en notes de têtes par des Hespéridés et en cœur par des aromatiques. Ils définissent une certaine élégance.

Le Benjoin, Styrax benjoin, Styrax tonkinensis, Dryander, Styracacées

A l’origine
Originaire de Sumatra, de Bornéo, de Malaisie, du Laos et du Cambodge, le Benjoin était inconnu en Europe pendant l’Antiquité. Cette résine prit très vite une valeur importante. Elle figurait dans les présents diplomatiques. Ce sont les Chinois qui commencèrent à le commercialiser en premier.

De l’histoire
C’est le grand médecin arabe Ibn el Battuta, qui en parle le premier lors de son voyage à Sumatra, en 1325 et 1349, sur l’île de Jawa, il donne le nom de « luban elJawi » au benjoin. Ce sont les Arabes qui vont prendre en mains le commerce du Benjoin de Sumatra, le premier connu et qui l’apportèrent en Egypte. Le Benjoin du Laos est le meilleur et possède une odeur vanillée, balsamique. Il se présente en larmes blanchâtres et rougissant à l’air extérieur.

Des usages 
Le Benjoin est mélangé à l’Encens, la Myrrhe pour être brûlé dans les rituels religieux. A la fin du XIXème siècle, Auguste Ponsot découvre qu’en Arménie, les habitants parfument et désinfectent leurs maisons en faisant brûler du Benjoin. Il s’associe à un pharmacien pour commercialiser cette pratique. Ils découvrent à eux deux qu’en solubilisant les larmes du benjoin dans l’alcool à 90°, on obtient une odeur agréable, et persistante. L’idée sera d’en imprégner du papier buvard qui brûlera sans faire de flammes, tout en restituant cette odeur originale du Benjoin. C’est le papier d’Arménie.

Un peu de botanique
Le Benjoin du Siam, actuel Cambodge et Laos, est extrait du Styrax tonkinensis. Entre octobre et décembre, quand l’arbre perd ses feuilles et porte ses fruits, on pratique sur le tronc une incision ou gemmage. L’écorce qui reste accrochée sert de poche à résine. La production se fait alors en grattant « les larmes » qui se sont formées avec un rendement de 400 à 600gr. par arbre. Le Benjoin d’Indonésie (Sumatra, Java) possède un cycle de culture plus long, (25 ans) et sa méthode de récupération est la même.

Son mode d’extraction
Ces deux arbres donnent des larmes qui sont extraites par solvants organiques.

En parfumerie 
La parfumerie utilise les deux Benjoins celui de Sumatra et celui du Laos comme fixateurs. Le Benjoin sert à arrondir les compositions ambrées et vanillées. Il possède un parfum tendre, caramélisé. On s’en sert par petites touches car sa note est assez puissante, gourmande.

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Bois d’Agar, Aquilaria agallocha, Aquilaria malaccensis, Thymélacées 

A l’origine 
Il possède plusieurs noms selon son pays d’origine, sa culture. Appelé Oud dans les pays arabes, bois d’aigle ou d’aloès en Occident et dans les pays anglo-saxons. Bois d’Agar en Inde où il est cultivé dans la région de l’Assam. Récoltés dans les forêts du sud-est asiatique par des populations de cueilleurs-chasseurs, ces bois sont depuis trois millénaires l’objet d’un commerce actif avec l’Extrême -Orient. Le bois de Oud est reconnu pour ses propriétés « divines », on prétend qu’une fois brûlé il dégage un arôme qui apporte la paix de l’esprit et favorise la méditation. C’est pourquoi les moines bouddhistes l’utilisent car il apporte une connexion entre les fonctions du corps et de l’esprit. Le bois de Oud est une essence exceptionnelle qui fut longtemps considérée comme plus précieuse que l’or.

 

De l’histoire 
Le bois d’Agar est cité dans les textes sanscrits, dans l’Ayurveda pour la médecine chirurgicale. Les Bouddhistes l’utilisaient pour la fabrication de leur mâlâ, ces longs chapelets de 108graines. En France, Louis XIV faisait tremper ses vêtements dans de l’eau de rose obtenue avec une distillation de roses faite avec de l’eau bouillie dans laquelle avait trempé du bois de Oud. A la fin du XIXème siècle, en Europe le bois de Oud fournissait par une distillation à la vapeur d’eau, une essence parfumée qui mélangée avec un peu de rose, donnait une excellente odeur de fleurs de citronniers. De nos jours, l’essence de ce bois est très recherchée, elle est la plus chère, elle est même cotée en Bourse, au jour le jour, car sa production est fluctuante. C’est une résine qui n’apparaît que sur certains arbres que lorsqu’ils sont malades, c’est à dire infectés par des champignons. Il est vendu sous trois formes : de longs copeaux, en poudre ou en huile essentielle.

Un peu de botanique 
Ce sont de grands arbres dont le bois est imprégné d’une résine aromatique qui acquiert un parfum accru par la présence de champignons. Ils poussent dans des milieux humides chauds, à la limite du marécage. La résine se développe à cause de plusieurs facteurs :
Soit de façon brut : lorsque le bois se fissure à la suite d’évènements naturels tels que vent, orage, par égratignures animales ou attaques d’insectes parasites. Le bois alors va secréter de la résine appelée « le calambac » pour soigner ses blessures.
Soit par mûrissage : quand l’arbre vieillit, ses fibres se cassent et vont créer de la résine. Ces fibres en se mélangeant à la résine, vont se solidifier pour former un bois dur et sombre duquel coulera la résine.
Soit par ablation : À la suite d’une infection due souvent à un parasite (style champignon), des parties de l’arbre peuvent se détacher. Ces morceaux sont généralement chargés en résine.
Soit par formation fongique : Le bois est alors attaqué par des champignons produisant de la mousse sur la partie extérieure de l’arbre. Afin de s’e protéger, l’arbre va secréter de la résine. C’est donc toujours une façon de se protéger que l’arbre produit ses larmes, ce « calambac ».

Son mode d’extraction
L’huile essentielle est obtenue par hydrodistillation. Soixante-dix kg de bois fournissent 20 ml d’huile essentielle.

En parfumerie
Toujours à l’affût de nouvelles senteurs, le bois de Oud est vendu sous forme d’huile essentielle à l’industrie des cosmétiques qui la recherche depuis plus d’une quarantaine d’année. Son parfum légèrement fumé et balsamique se marie très bien avec le santal ou l’ambre. Il appartient à la famille des orientales. C’est résolument une note de fond qui accompagne les floraux capiteux comme la rose ou la tubéreuse. L’inhaler améliore la réception des sens, ouvre l’esprit tout en calmant les fonctions principales du corps humain.

 

Cèdre, Cedrus atlantica, Manetti, Cedrus libani, Juniperus mexicana, Schiele, Juniperux virginiana, L. Pinacées

A l’origine 
Témoin des temps bibliques, le Cèdre serait le seul arbre que Dieu ait planté de ses mains. L’arbre est lié aux trois grandes religions du Moyen Orient. Pour le judaïsme, il fut choisi pour construire le temple de Salomon, à Jérusalem en l’an 1000. Pour le christianisme c’est l’arbre saint, et pour l’Islam, le Cèdre est le bois pur.

De l’histoire
Les Egyptiens de l’Antiquité, l’utilisaient dans les huiles de l’embaumement comme le genévrier cade, arbuste commun dans toute la Méditerranée. Il entrait dans la composition des pots-pourris. Réputé imputrescible, le Cèdre a longtemps été utilisé dans la construction navale. Pendant l’époque romaine, Vitruve l’architecte d’Auguste nous apprend qu’on enduisait les feuilles de papyrus écrites avec une huile de cèdre pour les préserver des insectes.

 

Ces huiles étaient obtenues soit en distillant le bois, soit par décoction dans l’huile ensuite macérée pendant quelques mois. Son odeur douce et boisée a fait la réputation des petites boîtes à bijoux, fabriquées avec le précieux bois de Cèdre. Les armoires et placards accueillent souvent des rondelles de bois de cèdre dont les effluves aromatiques éloignent les mites.

Un peu de botanique 
Le Cèdre dit atlantica est le cèdre de l’Atlas, qu’on trouve au Maroc et en Algérie, le Cèdre dit libani est celui du Liban. Celui du Liban est devenu une espèce protégée, en raison d’un peuplement très réduit par l’exploitation très ancienne qu’on en a fait. Le premier exemplaire planté en Angleterre date de 1731. Actuellement en France, on voit de grandes surfaces replantées avec des Cèdres pour le maintien et la sauvegarde de l’espèce comme en Provence dans le Parc du Lubéron ou sur la Montagne de Lure, devenu site protégé de l’Unesco.

Son mode d’extraction
Le Cèdre laisse naturellement exsuder de petites larmes de son écorce à odeur citronnée, très agréable, proche de celle du Santal. Après avoir réduit le bois en sciure, il peut être soit distillé à la vapeur et fournit alors un liquide coloré à l’odeur boisé soit extrait aux solvants organique, alcool éthylique ou éther ce qui nous donne un extrait plus coloré et d’une consistance plus ferme et qui sera ensuite lavé à nouveau, à l’alcool pour obtenir un absolu. L’huile essentielle obtenue après distillation à la vapeur est fournie aujourd’hui par le Maroc.

En parfumerie 
Il fait partie des incontournables en parfumerie. Comme tous les boisés c’est une note de fond. Son odeur est douce et boisée. Un vieux souvenir lié à l’enfance, celui du crayon d’école. Une note plus mystérieuse, plus cachée, qui se dévoile plus lentement, que celle des autres boisés.

Le Cyprès, Cupressus sempervirens, L. Cupressacées

A l’origine
Il serait originaire de la Méditerranée orientale. On le trouve de l’Iran au Portugal, où il est un marqueur du paysage. Dans le monde grec le cyprès est dédié à Artémis, la sœur d’Apollon, protectrice des portes et des passages (dont celui de l’accouchement). Cela pourrait expliquer l’ancienne habitude de signaler par deux cyprès l’entrée d’une habitation dans une bonne partie du monde méditerranéen. Dans la mythologie, Cyparisse ami d’Apollon, qui avait tué par mégarde son cerf favori était mort de chagrin. Apollon, pour l’immortaliser l’aurait changé en Cyprès. Son feuillage toujours vert symboliserait l’immortalité, ce qui voudrait nous dire de ne pas oublier nos morts. Il symbolise alors l’arbre des morts et de la tristesse. Ce qui expliquerait sa présence dans les cimetières. Sur les miniatures persanes représentants des jardins, on voit toujours la silhouette d’un Cyprès.

De l’histoire 
En 1500 av. notre ère un texte assyrien mentionne l’usage du cyprès dans les démangeaisons et douleurs du fondement (les hémorroïdes). Dioscoride (médecin grec) au Ier siècle de notre ère atteste que l’on brûlait du bois de Cyprès dans les hôpitaux pour en purifier l’air.

Un peu de botanique
Le Cyprès méditerranéen peut vivre un millénaire et atteindre des dimensions imposantes. Son feuillage est persistant de couleur vert sombre. Son écorce est mince, fibreuse, lui donne souvent une allure « tressée ». La floraison a lieu en décembre-janvier. Les fruits, des cônes fermés se forment en début d’été ils sont d’abord de couleur verte et n’arrivent à maturité qu’en hiver de l’année suivante, où les écailles commencent à s’écarter, libérant les graines.

Son mode d’extraction
Par hydrodistillation de ses feuilles et rameaux, on obtient une huile essentielle de couleur jaune. Dans la parfumerie française, on traite par l’extraction au solvant les rameaux feuillus et ébranchés des Cyprès de Provence. On obtient ainsi un extrait à odeur fortement ambrée et balsamique. Ensuite après lavage à l’alcool on a un absolu à odeur plus intense.

En parfumerie 

Ses notes sont aromatiques, camphrées et boisés. C’est une note de fond. Le Cyprès entre souvent dans les parfums masculins.

L’encens , Boswellia frerena Boswellia carterii, Bird. Burserracées

A l’origine 
Il y a l’objet « encens » et l’arbre le Boswellia appelé « Encens ». La route de l’encens comme celle de la soie dégage un parfum d’exotisme et d’aventure. C’était un long voyage conduit par des caravanes de chameaux qui partaient du sultanat d’Oman où l’arbre à encens était déjà très utilisé dans les rituels religieux, pour rejoindre la Palestine. Les Egyptiens le brûlaient lors de leurs rites funéraires. L’encens brûlé dans les églises dégage une fumée qui élève l’âme.

 

De l’histoire 
Les Egyptiens faisaient de grandes expéditions dans ce qu’on appelait l’Arabie Heureuse, une région située sur les rives de la mer Rouge à l’est de la Somalie ou sur la côte yéménite, pour ramener des bois d’Encens et même parfois des arbres entiers à replanter dans les jardins royaux. L’encens était aussi envoyé dans les pays d’Extrême-Orient. L’Encens de l’Afrique de l’est est considéré comme celui de meilleur qualité.

Un peu de botanique
Les Boswellias sont des arbres capables de vivre sur du rocher pur où ils forment à la base du tronc une espèce de coussinet recouvrant le rocher et retenant l’eau. Ils portent plus ou moins de feuilles selon le degré d’humidité. Les différentes variétés d’arbres à encens appartiennent à la famille des Burséracées, ils peuvent atteindre 5 mètres de hauteur. Ils vivent à l’état sauvage et aiment particulièrement les zones arides, calcaires et montagneuses. Ses petites fleurs sont d’un blanc jaunâtre apparaissent à l’aisselle des feuilles, elles se présentent en touffes. On obtient l’encens en grattant l’écorce et en l’incisant pour récolter sur l’arbuste les larmes qui tombent au sol.

Son mode d’extraction 
Après élimination des débris ligneux et de la terre, on récupère des larmes bien propres, celles – ci seront distillées à la vapeur d’eau afin d’obtenir un extrait de couleur jaune pâle. L’extraction à l’éther de pétrole ou à éthanol donne des extraits de couleur plus foncés, de consistance cireuse et solide.

En parfumerie
L’encens est utilisé également comme fixateur. Il est définitivement une note de fond et respire des notes particulières de citron vert ainsi que des notes épicées, balsamiques. Il a une structure assez lourde, orientale, rassurante, enveloppante. Quand on sent son huile essentielle il s’en dégage une dimension « montante », comme une odeur de « sainteté ». On le destine aux parfums à base orientale, ambrée ou poudrée.

Santal, santalum album, L. Santalacées

A l’origine
Cultivé en Inde depuis quatre mille ans, le santal est par excellence l’arbre mystique de ce pays. Il est originaire de l’Inde mais on en trouve également au Timor, au Sri Lanka et en Indonésie. Le nom de santal nous vient de l’arabe « sandal », qui l’a emprunté aux langues indiennes. Il est un des parfums indiens le plus anciennement mentionné.

De l’histoire 
En Europe, son apparition remonte à la présence arabe en Espagne : le fameux cuir de Cordoue était parfumé au santal. A cette même époque le santal arrivait en Chine par l’intermédiaire du Cambodge avec lequel les Chinois entretenaient des relations commerciales par mer.

Au Moyen-Age on en distinguait trois sortes, le Santal blanc, le Santal citrin et le Santal rouge. Bien qu’il soit connu et utilisé depuis fort longtemps, son huile essentielle n’est employée en parfumerie que depuis le XIXème siècle.

Un peu de botanique 
Aujourd’hui cultivé en vastes exploitations, le Santal est un arbre l’hémiparasite c’est-à-dire qu’il vit en parasite sur les racines d’autres arbres. Ses feuilles sont ovales lancéolées (forme allongée ovale et se termine en pointe) toujours vertes, et ses nombreuses petites fleurs sont jaune paille évoluant vers le rouge. L’écorce est brune ou rougeâtre sombre et son cœur de couleur vert pâle. Il existe de très nombreuses variétés de santal mais le « blanc » ainsi que le Santal australedonicum sont utilisés en parfumerie.

Son mode d’extraction
Il est coupé et distillé à l’âge de 30 ans. Ce sont les racines et le bois du santal qui sont distillés à la vapeur d’eau après avoir été réduits en poudre. Cette opération se fait soit dans des installations locales souvent rudimentaires, soit par des procédés plus élaborés en Europe. C’est un liquide limpide légèrement visqueux, d’une odeur caractéristique douce et boisée.

En parfumerie 
L’huile essentielle obtenue est très odorante et chaude. Son odeur est extrêmement tenace, elle se marie bien avec les notes florales et orientales. Il se place en note de fond dans les compostions parfumées, où il fixe les notes plus volatiles de tête et de cœur. Il a un côté onctueux, rond, lacté, plein. Le santal entre dans la composition de deux familles de parfums les chyprés et les fougères.

Résumé
Cultivé en Inde depuis quatre mille ans, le santal est par excellence l’arbre mystique de ce pays. Au Moyen-Age on en distinguait trois sortes, le Santal blanc, le Santal citrin et le Santal rouge. Bien qu’il soit connu et utilisé depuis fort longtemps, son huile essentielle n’est employée en parfumerie que depuis le XIXème siècle. Il se place en note de fond dans les compostions parfumées, où il fixe les notes plus volatiles de tête et de cour. Il a un côté onctueux, rond, lacté, plein. Le santal entre dans la composition de deux familles de parfums les chyprés et les fougères.

Retrouvez ces notes boisées dans nos parfums vegan.

D’après les recherches de Tachka Sofer

Bibliographie :
Petite ethnobotanique méditerranéenne P. Lieutaghi, éd. Actes Sud
Histoire naturelle et culturelle des plantes à parfum, FR. Aubaille-Sallenave, éd. Ibis
Les parfums E. De Feydeau, éd. Laffont
Les huiles essentielles pour votre santé G. Roulier, éd. Dangles
L’herbier parfumé F. Ghozland et X. Fernandez, éd. Plume de carotte
L’aromathérapie exactement P. Franchomme et D. Penoëll, éd. Roger Jollois

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